Dans quel secteur investir son argent ?

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Le contexte sanitaire actuel a chamboulé les habitudes et gonflé l’épargne. Voici un recensement des placements les plus pertinents pour 2021.

Privés de dépenses par la fermeture des restaurants et des magasins et par les restrictions de départ en vacances, inquiets de la conjoncture sanitaire, les particuliers français ont rempli leurs comptes courants et leurs livrets d’épargne comme jamais. En 2020, l’épargne financière des ménages français s’est élevée à environ 130 milliards d’euros. Et elle pourrait augmenter de 70 milliards d’euros, selon les prévisions de la Banque de France pour 2021.

Singularité issue de la crise sanitaire, le dépôt à vue n’est plus vu uniquement comme une parenthèse avant consommation. Selon un sondage du cercle de l’épargne, environ 30 % des épargnants le considèrent comme un placement attirant.

Cependant, le contexte actuel n’a pas modifié le classement des placements préférés des particuliers français. En tête, l’immobilier locatif (61%) suivi par l’assurance vie (48%) et le placement en actions (37%). En temps de crise, il est nécessaire de détenir des liquidités accessibles. Mais, il existe des placements plus intéressants pour les particuliers désireux de faire fructifier cette épargne.

Les épargnent souhaitant placer leur argent peuvent se trouver désorientés. Mais la nouvelle année offre des opportunités intéressantes qu’il faudra savoir saisir. Même si le rebond de l’économie française sera moins important que prévu, il aura quand même lieu. La banque de France prévoit une hausse du PIB d’environ 5%. Un sursaut dont devrait profiter l’épargne des Français, placée dans l’économie réelle. A conditions de faire des choix judicieux, bien sûr.

L’immobilier locatif reste une valeur refuge

Dans une conjoncture incertaine, la pierre demeure plus que jamais une valeur refuge. « L’appétit pour les petites surfaces reste très vif et on a vu en 2020, malgré l’épisode du confinement, une hausse des montants concernant l’investissement locatif » justifie Laurent Vimont, à la tête du réseau Century 21. Cependant, avec ce type d’investissement il est difficile d’atteindre des rendements supérieurs à 3%. Les loyers de certaines grandes villes vont de plus être encadrés (Bordeaux, Montpellier, Lyon, Grenoble…) « Le rendement n’est pas forcément un sujet, précise le porte-parole de la chambre des notaires à Paris, Thierry Delesalle. Ce que les acheteurs veulent aujourd’hui, c’est la protection de leur capital. Ils investissent au moins pour vingt ans. »

En 2021, l’accès au crédit va s’assouplir, ce qui devrait faciliter l’accès à la propriété des particuliers. Ce qui va permettre aux particuliers d’emprunter plus (le taux d’endettement pourra représenter 35% du revenu des ménages) et, plus longtemps pour les acquéreurs de neuf (jusqu’à 27 ans). Cumulé à ça, des taux toujours plancher, environ 1.20% sur 20 ans. Les prix de l’immobilier quant à eux sont attendus à la baisse début 2021 d’après les notaires du Grand Paris. (-1.2% à Paris, -0.8% en Ile de France). Est-ce inquiétant ? entre 2012 et 2016, on a pu observer une chute de 10 % 12% des prix, avant de remonter en flèche. « Les besoins de logements restent forts et l’offre manque dans les grandes villes », précise Thierry Delesalle.

L’investissement pierre papier résiste à la crise

Le contexte sanitaire a défavorisé les commerce et vidé les bureaux. Cependant les sociétés civiles de placement immobilier SCPI, qui achètent de l’immobilier pour les investisseurs, ont bizarrement bien résisté. En 2020, elles devraient offrir presque 4% de rendement. « Malgré un contexte difficile, les SCPI ont montré leur résilience en temps de crise », justifie le fondateur du site meilleureScpi.com, Jonathan Dhiver. Les SCPI spécialisées dans des domaines protégé de la crise sanitaire (entrepôts, logistique, santé) et les SCPI les plus diversifiées (mutualisant les risques entre différents pays et différentes classes d’actifs) ont très bien tiré leur épingle du jeu. L’ensemble de ces SCPI devraient maintenir une offre de rendement consistante, allant jusqu’à 6% pour les meilleurs. Au contraire, les SCPI 100% commerces ou hôtels vivront moins bien la crise sanitaire.

Les atouts fiscaux de l’assurance vie

L’assurance vie, malgré la dégringolade des rendements du fonds en euros et les restrictions qui pèsent sur la collecte, conserve des atouts. Le placement préféré des français, reste la base essentielle de tout patrimoine. « Cela reste l’outil de gestion de l’épargne des Français par excellence », précise le directeur de l’épargne et gestion de patrimoine chez Generali France, Hugues Aubry. Ce placement permet d’investir dans un large choix de supports grâce aux unités de comptes (SCPI, produits structurés, fonds diversifiés, marché actions…) et possède une fiscalité avantageuse après 8 ans de détention. Les fonds euros, qui constituent la base de ces contrats, devraient offrir des rendements moins mauvais que prévu en 2020. Ils devraient avoisiner les 1.20% en moyenne (en 2019 : 1.35%). Les performances des marchés financiers ont permis d’améliorer les rendements des fonds généraux, grâce à la poche d’actions. En plus des rendements, les contrats d’assurance-vie présentent des atouts inégalés concernant la transmission. Les sommes transmises au sein d’un contrat sont exclues du calcul de la succession. Aussi, elles peuvent être transmises au bénéficiaire de son choix. Le conjoint (ou partenaire de pacs) survivant est quant à lui totalement exonéré d’imposition, alors que les autres bénéficiaires bénéficient d’une franchise d’impôt allant jusqu’à 152 500 € (pour les versements réalisés avant 70 ans).

Le plan épargne retraite pour faire baisser la pression fiscale

Parmi les succès de l’année : le nouveau plan d’épargne retraite, qui a remplacé les vieux Perp, Perco, Madelin… « On pourrait atteindre 600.000 nouveaux contrats individuels en fin d’année, ce qui serait tout à fait exceptionnel », estime l’économiste chez BPCE, Alain Tourdjman. En 2021, ce nouveau produit devrait maintenir sa lancée. Atout principal : l’avantage fiscal, les versements sont déductibles des revenus. De plus, l’épargne est libre, l’épargnant peut ainsi récupérer des fonds, pour financer un projet immobilier par exemple. « L’achat d’un logement reste l’alpha et l’oméga des projets patrimoniaux pour les ménages, rappelle Alain Tourdjman. L’épargne retraite n’entre plus en contradiction avec cet objectif. » Enfin au moment de la retraite, les épargnants peuvent choisir en sortie en rente, mais aussi en capital.

Il est encore trop tôt pour juger de la performance de ces placements. Mais le particulier qui le veut peut bénéficier d’une gestion pilotée à horizon assorti à son profil de risque. Dans un premier temps, es fonds sont tout d’abord placés sur les marchés pour générer de la performance et basculés progressivement sur des produits moins risqués tel que le fonds euros, à l’approche de la retraite. Seul point négatif, les frais afférents à certains contrats peuvent faire diminuer la performance du contrat. Ce sont les PER commercialisés par les courtiers internet, qui tirent leur épingle du jeu, grâce à des frais moindre.

La meilleure diversification : l’or

Le précieux métal conserve plus que jamais son statut de valeur refuge. Dans un contexte de crise, il multiplie plusieurs atouts : c’est un actif tangible, qui ne peut faire faillite, et il est liquide. C’est un actif dit de diversification, complètement indépendant des autres classes d’actifs (immobilier, actions…) « Pour bien stabiliser un portefeuille, il est judicieux de mettre 3 % à 8 % de ces actifs sur le métal jaune », affirme le gérant associé au Comptoir de l’or, Laurent Schwartz. Dans la conjoncture actuelle de taux peu élevé, l’absence de rendement de l’or ne pose pas tant que ça problème. « Les taux d’intérêt faibles sont souvent favorables à l’or, souligne le président de la banque privée Cholet Dupont, Fabrice de Cholet. Or, les banques centrales continuent de faire tourner la planche à billets. » malgré tout il est nécessaire d’acheter le précieux métal à bon prix. En août 2020, le cours de l’once a atteint son plus haut historique. Cependant, l’annonce du vaccin en novembre, a fait réduire l’éclat. Dans le cas où l’économie repartirait correctement, il se pourrait qu’il y ait des opportunités pour acheter l’or à bon prix.

Pour ne pas manquer le train de la hausse : le bitcoin

La plus populaire des cryptomonnaies a connu une année incroyable (+225%). Après le krach en février suivi par l’envolée des cours, on prévoyait la valeur du bitcoin autour de 20 000 dollars, et le voilà désormais en route pour les 30 000 dollars. La hausse va-t-elle continuer ? beaucoup y pensent. « Un bitcoin à 70.000 dollars à 18 mois n’est pas inenvisageable », prévoit le directeur marketing de The Coinhouse, Romain Saguy. Ce sont les investisseurs institutionnels (banques, assureurs, fonds de pension…) qui ont fait monter les cours, ce ne sont pas les petits porteurs qui ont influé, à la différence de la précédente flambée des cours en 2017. Ce type d’investisseur perçoivent dans la cryptomonnaie une sécurité contre la dévalorisation continue des monnaies traditionnelles. Le fonctionnement du bitcoin a aussi joué son rôle dans la fulgurante augmentation de cours, la quantité de jetons virtuels est plafonnée à 21 millions. La rareté est créée par le principe de rémunération des « mineurs », les ordinateurs surpuissants qui produisent cette monnaie, en effet tout les quatre ans la rémunération est divisée par deux. Un ancien banquier de chez Goldmann Sachs présage un bitcoin à 1million de dollars d’ici cinq ans.  Que cette prévision n’enflamme pas les investisseurs : le bitcoin reste une cryptomonnaie donc par définition, des actifs particulièrement risqués et volatiles. A l’heure actuelle les plateformes qui visent le publie français ont l’obligation de s’enregistrer auprès de l’AMF, ce qui représente un gage de sérieux pour les investisseurs et les épargnants.

Pour participer à la relance de l’économie : le capital-investissement

Le capital-investissement, qui permet d’accéder à des participations dans des entreprises non cotées en bourse pour leur permettent de grandir, possèdent des rendements très importants (de 8% à 10% par an). Cependant ce type d’investissement a du mal à séduire les investisseurs, qui ont peur de perdre leur capital investi, car le risque de perte de la mise de départ est réel. Aussi, ce placement est réservé aux investisseurs connaisseurs et aguerris. Pour les épargnants désireux de s’initier à capital-investissement, compliqué en 2021 de passer à côté du fonds patriotique lancé en octobre 2020 par la Banque publique d’investissement. Ce fonds patriotique regroupe 1 500 entreprises, pour la plupart non cotées, et françaises, réparties sur 45 fonds. « C’est assez exceptionnel d’avoir accès à ces fonds, s’enthousiasme le patron de 123 IM, Xavier Anthonioz, un des poids lourds du capital-investissement en France. Ils sont habituellement réservés aux institutionnels. Et aujourd’hui, il n’y a pas un seul produit de la place qui soit aussi diversifié. »

Le but de ce fonds patriotique est d’intéresser les petits investisseurs. Le ticket d’entrée y est de 5 000 €. De plus, ce fond est d’avantage liquide que les fonds classiques : l’investisseur peut percevoir jusqu’à 20 % de son capital investi tous les ans, et au bout de six ans : la totalité de son capital. Ce fonds patriotique distribué à ses débuts par 123 IM, va aussi être diffusé dès mi-janvier auprès de conseillers financiers, certaines banques de détail, banques privées mais aussi au travers de l’assurance-vie.

 

Pour anticiper la reprise : le marché actions

Après une fulgurante chute en début d’année, les marchés actions ont remonté la pente de manière très rapide. Aussi, le CAC40 s’approche même des sommets atteints fin 2019. Le SP 500 (qui cote les plus grosses capitalisations de la place) est quant à lui en pleine euphorie. Dans ce contexte particulier, il est particulièrement difficile de se positionner. « Les marchés ne sont plus dans la réalité économique, mais sont focalisés sur la sortie de la crise sanitaire, prévoit Emmanuel Klein, conseiller financier à l’Institut du patrimoine. On l’a vu avec l’annonce de vaccin, qui a fait bondir les marchés de 25 % en novembre. Tout cela reste très volatil. » pendant la crise, certaines valeurs ont connu une chute sans précédent. C’est le cas par exemple des entreprises du secteur du tourisme, de l’aéronautique, des transports ou encore le secteur bancaire. Pendant que d’autres valeurs quant à elle, se sont envolées, comme les valeurs technos américaines.  « Les opportunités existent mais il faut être très vigilants car les marchés sont à des niveaux élevés, avec de grands écarts entre les gagnants et les perdants de la crise, explique le responsable des marchés actions chez Tikehau Capital, Raphaël Thuin. Certaines valeurs très décotées le sont pour de bonnes raisons. Pour autant, il n’y a pas grand monde capable de prévoir ce qui se passera dans les mois à venir. Il faut avoir une vision de long terme, pour des entreprises de qualité qui sauront rebondir après la crise. »

 

Source : Le figaro